A quoi servent les corticotomies ?
Pourquoi opérer ?
La durée moyenne d’un traitement orthodontique conventionnel chez l’adulte est comprise entre 18 et 24 mois. Cette durée peut être un frein à la motivation des patients pour qui le traitement multi-attache peut être considéré comme trop long.
Plusieurs techniques ont été proposées afin de tenter de diminuer la durée d’un traitement. Les techniques chirurgicales de corticotomies alvéolaires ont fait l’objet de nombreux travaux cliniques et expérimentaux. L’utilisation de corticotomies sur l’os alvéolaire des mâchoires permet des mobilisations dentaires plus rapides avec des forces orthodontiques plus douces que lors d’un traitement orthodontique conventionnel avec pour conséquence un raccourcissement de la durée du traitement.
Les corticotomies de l’os alvéolaire permettent de diminuer la durée du traitement orthodontique de 2 à 4 fois. Dans tous les cas ce protocole doit être envisagé dans le cadre d’une étroite collaboration entre le chirurgien et l’orthodontiste.
Un plan de traitement a préalablement été défini et le protocole de corticotomies chirurgical a été proposé au vu d’un bilan clinique complet avec la réalisation d’empruntes dentaires et de documents radiologiques avec cliché panoramique dentaire, téléradiographie crânio-faciale de profil et scanner du massif facial avec denta scanner et reconstruction tridimensionnelle des secteurs dentés. Une planification préopératoire des corticotomies est effectuée par le chirurgien à partir des documents radiologiques.
Les corticotomies sont toujours réalisées en association à un traitement orthodontique multi-attache vestibulaire ou lingual. Le collage des attaches orthodontiques précède généralement l’intervention d’au moins 10 jours.
Une autre indication des corticotomies est leur association avec des matrices de régénération osseuse. Si le parodonte (le tissu qui contient la dent composé de la gencive, du ligament dentaire et de l’os alvéolaire qui entoure la dent) est trop fin avec des récessions (déchaussements avec la racine dentaire qui devient visible), on peut proposer d’associer aux corticotomies la mise en place d’une matrice de régénération osseuse qui va être ensuite remplacée par l’os du patient et renforcer considérablement de parodonte.
Comment se déroule l’intervention ?
Le médecin-anesthésiste sera vu en consultation au plus tard 48 heures avant l’intervention.
• Aucun médicament contenant de l’aspirine ne devra être pris dans les dix jours précédant l’intervention.
• Il est fondamental de rester à jeun (ne rien manger ni boire) six heures avant l’intervention.
• Habituellement l’intervention se pratique sous anesthésie générale. Toutefois, dans certains cas, une anesthésie locale approfondie par des tranquillisants administrés par voie intra-veineuse (anesthésie «vigile») pourra suffire. Le choix entre ces différentes techniques sera le fruit d’une discussion entre vous, le chirurgien et l’anesthésiste.
• L’intervention se pratique généralement en «ambulatoire», c’est-à-dire en hospitalisation de jour avec une sortie le jour même après quelques heures de surveillance.
• Une incision au collet de la fibromuqueuse gingivale sur les versants vestibulaires et/ou palatins/linguaux des mâchoires avec un décollement de la gencive correspondant aux dents concernées par les corticotomies. Ce type d’incision ne laisse aucune cicatrice visible.
• Les corticotomies sont réalisées sur les versants vestibulaires et/ou palatins/linguaux du maxillaire et/ou de la mandibule selon le protocole retenu. Elles ne concernent que la partie superficielle de l’os des mâchoires et ne compromettent en rien la vascularisation des dents.
• Le geste opératoire se fait selon la planification préopératoire du chirurgien à partir de l’analyse clinique et des documents radiographiques.
• Des extractions dentaires, si elles sont nécessaires (dents de sagesse) peuvent être réalisées au cours du même geste opératoire.
• On peut apposer sur la zone des corticotomies une matrice de régénération osseuse (os de banque humaine déprotéinisé, os bovin déprotéinisé ..) protégé par une membrane résorbable et recouvert ensuite par la gencive.
• La gencive est ainsi reposée à sa place. Les incisions sont refermées avec de petits fils résorbables. Il n’est donc pas nécessaire d’enlever les fils après l’opération.
LES SUITES OPÉRATOIRES
• Les suites opératoires sont marquées par une sensation de gène dans la bouche qui peut persister quelques jours. Les douleurs sont en général absentes ou modérées et cèdent efficacement avec un traitement antidouleur de type paracétamol.
• L’hygiène buccale est fondamentale, assurée par l’utilisation pluriquotidienne d’une brosse à dents ultra-souple dès le soir de l’intervention.
• L’alimentation doit être plutôt tiède et molle pendant la première semaine.
LES RISQUES
• Les corticotomies sont une véritable intervention chirurgicale, ce qui implique les risques liés à tout acte médical, aussi minime soit-il.
• Il faut distinguer les complications liées à l’anesthésie de celles liées au geste chirurgical.
• En ce qui concerne l’anesthésie, le médecin anesthésiste informera lui-même le patient des risques anesthésiques. Avoir recours à un anesthésiste parfaitement compétent, exerçant dans un contexte réellement chirurgical, fait que les risques encourus sont devenus statistiquement presque négligeables. Il faut savoir que les techniques, les produits anesthésiques et les méthodes de surveillance ont fait d’immenses progrès ces vingt dernières années, offrant une sécurité optimale, surtout quand l’intervention est réalisée en dehors de l’urgence et chez une personne en bonne santé. L’anesthésie en AIVOC (sans gaz d’entretien de l’anesthésie) permet des suites généralement excellentes sans gonflement ni hématomes.
En pratique, l’immense majorité des interventions se passe sans aucun problème et les patients sont pleinement satisfaits de leur résultat. Pour autant, et malgré leur rareté, vous devez quand même connaître les complications possibles :
• Saignements : ils sont possibles les premières heures, mais restent habituellement très modérés et cèdent avec des bains de bouche à l’eau froide.
• Hématomes : extrêmement rares, ils peuvent nécessiter une évacuation s’ils sont volumineux et très douloureux.
• Infection : malgré la présence naturelle de microbes dans la bouche, elle est très rare. Le cas échéant, elle justifie rapidement un traitement approprié.
• Retard de cicatrisation : il est favorisé par une mauvaise hygiène bucco-dentaire et par le tabac qui doit être interrompu pendant les 15 jours qui précèdent et qui suivent l’intervention.
• Troubles de la sensibilité : ils peuvent persister sur la gencive pendant plusieurs semaines avec une sensation de «carton» mais sont en général régressifs.
• Mortification dentaire : elle est exceptionnelle en cas d’indication bien posée et peut exister même lors d’un traitement orthodontique conventionnel sans geste chirurgical associé, de même que les résorptions des racines dentaires.
RÉSULTATS
• Le résultat définitif ne pourra être apprécié qu’au terme du traitement orthodontique.
• Il est important de bien se présenter à toutes les consultations d’orthodontie dans la période post opératoire et de suivre les directives de l’orthodontiste.
• Vous reverrez votre chirurgien après l’intervention et au terme du traitement orthodontique.
• Les mouvements dentaires accélérés ne sont pas perceptibles avant un délai d’un mois car les forces orthodontiques utilisées avec cette technique sont souvent plus faibles que celles utilisées lors d’un traitement orthodontique conventionnel.
• Une hygiène buccale stricte doit être associée au traitement orthodontique pendant toute sa durée.
• Selon les cas, le protocole de corticotomies associé au traitement orthodontique conventionnel peut être réalisé avant une chirurgie des bases osseuses des mâchoires (chirurgie orthognatique). Dans tous les cas le plan de traitement aura préalablement été établi conjointement par l’orthodontiste et le chirurgien.
• Le traitement orthodontique est en général suivi d’une période de contention d’une durée minimale d’un an, pendant laquelle la stabilité des résultats obtenus est surveillée.
• En cas de dysfonction linguale, des séances de rééducation à la déglutition chez un kinésithérapeute ou un orthophoniste spécialisé sont prescrites en cours de traitement.
• Un traitement orthodontique associé à des corticotomies ne peut en aucun cas garantir la disparition des dysfonctions articulaires déjà existantes. On peut cependant espérer une stabilisation voire une amélioration de ces dysfonctions suite au traitement.
Au total, il ne faut pas surévaluer les risques, mais simplement prendre conscience qu’une intervention chirurgicale, même apparemment simple, comporte toujours une petite part d’aléas. Le recours à un chirurgien qualifié vous assure que celui-ci a la formation et la compétence requise pour savoir éviter ces complications, ou les traiter efficacement le cas échéant. Tels sont les éléments d’information que nous souhaitions vous apporter en complément à la consultation. Il est conseillé de conserver ce document, de le relire après la consultation et d’y réfléchir « à tête reposée ». Cette réflexion suscitera peut-être de nouvelles questions, pour lesquelles vous attendrez des informations complémentaires. Votre chirurgien est à votre disposition pour en reparler au cours d’une prochaine consultation ou bien par téléphone, voire le jour même de l’intervention où vous le reverrez de toute manière, avant l’anesthésie.
CE QUE VOUS DEVEZ PRÉVOIR
• L’arrêt de travail recommandé par votre chirurgien.
• Ne pas prendre d’aspirine dans les 10 jours qui précèdent l’intervention (augmentation du risque d’hématome).
• Eviter toute consommation de tabac dans les 15 jours au moins qui précèdent et suivent le geste chirurgical.
• Vous rendre à la consultation d’anesthésie sur rendez-vous au moins 72 h avant la date de la chirurgie
• Prévoir des affaires de toilettes avec une brosse à dents électrique ultra souple.
• Apporter vos médicaments si vous suivez un traitement
• Apporter vos radiographies et vos moulages récents pour l’intervention
• Autant que possible se procurer au préalable les médicaments et produits postopératoires (antalgiques, bains de bouche, poches de froid…).
• Prévoir des rendez-vous généralement plus rapprochés chez votre orthodontiste après le geste chirurgical.
• Arrêter de fumer TOTALEMENT au moins dans la période péri opératoire.
Cette fiche a été réalisée avec le concours du Pr. JP Charrier.
Les interventions pratiquées
Chirurgie maxillo-faciale
C’est une spécialité médico chirurgicale qui se spécialise dans la région cervico-faciale, c’est-à-dire le visage, le cou, les sinus et les maxillaires
Chirurgie implantaire et pré-implantaire
Une greffe osseuse pré-implantaire est une augmentation du volume osseux pour pouvoir mettre un implant dentaire
Chirurgie réparatrice
La chirurgie réparatrice dite souvent « chirurgie plastique », est destinée à restaurer la morphologie du visage ou du corps si elle a été atteinte.
Chirurgie ORL
Spécialité médico-chirurgicale dédiée aux anomalies de l’oreille, du nez et des sinus, de la gorge et du cou.
Chirurgie du nez
Une chirurgie correctrice des déformations de la cloison et de la pyramide nasale.
Injections
Pour obtenir un coup d’éclat ou harmoniser les volumes du visage, l’injection d’acide hyaluronique peut être une solution